Un don de Dieu à travers ma famille
Je suis né à Brébeuf, un petit village des Laurentides. Benjamin d’une famille de onze enfants, j’ai eu la chance d’avoir de bons parents ainsi que des sœurs et frères qui m’ont entouré de beaucoup d’amour. Comme toutes les familles québécoises de l’époque, j’ai été élevé dans la foi, inspiré par les valeurs chrétiennes.
La messe dominicale faisait partie du rendez-vous incontournable de chaque dimanche, tout comme le 1er Vendredi du mois, les Quarante-Heures, la prière du soir en famille. Tout près de chez nous il y avait une Croix de Chemin. Au mois de mai, les voisins du rang des collines se réunissaient pour déposer des fleurs à Marie, réciter le chapelet et fraterniser. Je suis certain que ma vocation à la vie religieuse et au presbytérat a pris racine dans cette vie familiale heureuse, animée par l’amour, la foi et la prière.
À la fin de mon cours primaire, nous sommes déménagés à Ville Saint-Laurent. Comme Astérisk, je suis tombé dans la potion magique Sainte-Croix. J’ai eu la chance de connaître les trois branches de la famille Sainte-Croix. Ils avaient la charge de la paroisse, de l’école primaire, des Collège Saint-Laurent et Basile-Moreau. J’ai vite appris à découvrir et apprécier les membres de cette autre famille à cause de leur simplicité, leur joie de vivre et leur engagement auprès des jeunes.
Suite à une réunion des servants de messe dont je faisais partie, le père Émilien Racine, c.s.c., vicaire à la paroisse, m’a pris à part et m’a posé directement la question : « As-tu déjà pensé devenir prêtre »? La réponse ne s’est pas faite attendre : « Père, j’y pense très souvent. » Sur le champ, nous nous sommes rendus chez mes parents pour leur faire part de ce rêve qui m’habitait. Avec l’approbation enthousiaste de ces derniers, j’ai fait mon inscription au Séminaire Sainte-Croix où j’ai passé cinq belles années.
En 1955 je suis rentré au noviciat à Pointe-Claire pour approfondir ma vocation à la vie religieuse en Sainte-Croix. Puis j’ai poursuivi mes études philosophiques et théologiques à Saint-Laurent et Sainte-Geneviève pour me préparer à exercer mon ministère, d’abord au Brésil, puis au Québec dans le diocèse de Saint-Jean-Longueuil, enfin dans nos quatre paroisses de Saint-Laurent et finalement à l’Oratoire Saint-Joseph.
Après 64 ans de vie religieuse dans la Congrégation de Sainte-Croix et 60 ans comme prêtre au service de l’Église, je peux affirmer que j’ai été profondément heureux tout au long de ces années. Je n’ai jamais regretté un seul instant ma décision, éclairée par l’Esprit Saint, d’entrer en communauté dans la Congrégation de Sainte-Croix et de devenir prêtre. Je me suis toujours senti aimé, encouragé et soutenu par les confrères avec lesquels j’ai vécu.
J’ai été aussi très heureux dans l’exercice de mon ministère, tant dans les collèges que dans les nombreuses paroisses dont j’ai assumé la responsabilité.
Jésus a toujours été mon guide et mon modèle. J’ai essayé, malgré mes nombreuses limites, d’être un pasteur à sa manière.
Je me suis efforcé de témoigner de Lui, faire connaître son message d’amour et de paix, le rendre présent et agissant.
À 84 ans, je vois maintenant poindre à l’horizon l’ultime rencontre avec Lui, en espérant entendre ces paroles de sa bouche: « Entre dans la joie de ton Maître. (Mt 25,23).
Père Yvon Laurence, c.s.c.