DANS MA TÊTE DE JEUNE

Je raconte en bref l’histoire de ma vocation à la vie religieuse comme Frère de Sainte-Croix. Avec mes 92 ans, je suis bien portant et je renoue avec le premier bout de fil qui m’a conduit à aujourd’hui. C’était en 1943, pendant la guerre, je vivais dans une famille chrétienne de onze enfants, fils de cultivateur. J’ai travaillé à la ferme, trait les vaches à la main et fait le train. Je venais d’obtenir mon diplôme de neuvième année à l’école du rang. J’avais 15 ans.

Je roulais dans ma tête ce que je pourrais faire, j’étais comme au neutre d’une voiture, disponible; j’aimais étudier et je réussissais très bien, nos moyens matériels étaient limités, mais ma vie chrétienne était vivante; que faire? Nous recevions la revue de L’Oratoire, Les Annales de saint Joseph et je lis une invitation aux jeunes pour devenir Frère de Sainte-Croix. J’avais une grande vénération pour le Frère André qui était très connu pour les merveilles qu’il accomplissait. J’ai été comme touché par cet appel à imiter le Frère André. Dans ma petite tête j’avais comme le pressentiment de toute ma vie à venir et je pensais qu’en étant religieux je me rendrais chez Dieu au ciel.

J’étais un jeune assez résolu et sans en parler à personne j’ai écrit ma demande à l’adresse indiquée. Et même, à la fin de ma lettre j’ai demandé de m’indiquer comment me rendre au Juvénat de Saint-Césaire. Le responsable des vocations est venu me rencontrer avec mes parents. À la fin des vacances je me suis rendu au Juvénat où j’ai été heureux. Par la suite je me suis épanoui avec joie dans de nombreuses études : Diplôme Supérieur d’École Normale, cours classique(BA), Doctorat en Philosophie à Paris. J’ai enseigné à tous les niveaux et j’ai enseigné la Philosophie au Grand Séminaire national au Rwanda en Afrique. Je fus Directeur général au Collège Marie-Victorin à Montréal. J’ai été supérieur dans ma communauté jusqu’à 85 ans.

Maintenant, à la grâce de Dieu dans ma tête d’ancien jeune…

Frère Vianney St-Michel, c.s.c.