Père Hervé Morissette, c.s.c. - Congrégation de Sainte-Croix au Canada

MA DECOUVERTE DE SAINTE-CROIX

En 1949, le Père Clément, csc, prêtre de Sainte-Croix, était entré en contact avec moi par correspondance – j’ignore où il avait bien pu pêcher mon adresse – et m’avait invité à recueillir des abonnements pour la revue L’Œuvre de Mon Petit Prêtre. Comme j’étais scout à ce moment-là et que j’aimais beaucoup m’engager dans toutes sortes de projets, je me suis « embarqué » dans cette aventure et j’ai réussi à recueillir un bon nombre d’abonnés, surtout dans les tavernes de Val d’Or !

En 1949, ma famille déménageait à Montréal pour faciliter les études qu’un de mes frères devait entreprendre. Quand le Père Clément apprit que j’allais bientôt commencer mes études classiques et que je rêvais de devenir prêtre, il m’invita à entrer au Séminaire Sainte-Croix de Saint Laurent. Sans trop savoir ce qui m’y attendait, j’y suis entré pour m’inscrire aux Eléments Latins. Et c’est là, au Séminaire, que j’ai été amené à connaître Sainte-Croix par l’entremise d’éducateurs qui réussissaient très bien à nous communiquer leur enthousiasme.

C’est l’année où j’étais en Versification qu’un évènement tout à fait inattendu a été la cause d’un tournant profond dans ma vie : la mort accidentelle de mon père dont j’ai été le témoin oculaire. Il est décédé d’un accident de travail, alors que nous construisions une maison à Montréal. Cette perte soudaine m’a beaucoup ébranlé. Je n’avais plus aucun intérêt aux études et je me proposais même de tout lâcher. C’est maman qui m’a encouragé à ne pas me laisser décourager et à continuer mes études, elle qui avait dû être beaucoup plus profondément affligée par le décès de mon père.

Pour pouvoir continuer mes études, je me suis mis à la recherche d’un travail durant les vacances. J’ai alors réussi à trouver un emploi temporaire dans une des mines de Val d’Or où je suis entré en contact avec des travailleurs, la plupart desquels étaient des immigrants venus d’Europe après la guerre. Mes contacts avec ces travailleurs m’ont ouvert les yeux non seulement sur leurs conditions de travail, mais aussi sur leurs vies dissolues. Leurs seuls sujets de conversation étaient les prostituées avec qui ils avaient couché la nuit précédente, ainsi que leurs autres aventures sexuelles.

C’est ainsi que mes contacts avec ces travailleurs ont causé un tel choc dans ma vie que je me demandais souvent : pourquoi ne pas devenir prêtre pour ces travailleurs. Par la suite, j’ai compris que c’était le Seigneur lui-même qui m’appelait à le suivre non pas sur les rives d’un lac, mais à 2000 pieds sous terre !

Je suis donc retourné au séminaire pour terminer mes études classiques, à la suite desquelles je suis entré au noviciat, parce que Sainte-Croix m’attirait beaucoup. J’y avais rencontré une équipe de prêtres et de frères totalement dévoués à leurs tâches, des religieux dont le témoignage de vie était vraiment attirant ainsi que des amis avec qui je suis encore aujourd’hui en contact. Durant notre année de noviciat – et cela à plusieurs reprises par la suite – nous avons eu l’occasion d’entendre les témoignages de prêtres et de frères Sainte-Croix qui revenaient du Bengale Oriental ou de l’Amérique du Sud. Leurs témoignages me touchaient beaucoup et allumaient en moi le désir d’aller un jour prendre leur relève.

Un autre évènement s’est produit au cours de mon noviciat qui a été déterminant dans ma vocation au ministère presbytéral en Sainte-Croix. Ca été la lecture du livre d’Hozner intitulé Saint Paul. Cette lecture m’a enflammé d’enthousiasme pour la proclamation de l’Evangile. Durant toutes mes années de formation préparatoires à l’ordination sacerdotale, je rêvais donc d’être envoyé en « pays de missions », comme on disait alors, et de me mettre au service des plus pauvres, comme les témoignages de Mère Teresa, que je lisais ici et là, m’invitaient à le faire.

Quand j’eus terminé mes études de philosophie au Séminaire Moreau, mes supérieurs décidèrent de m’envoyer étudier la théologie à Rome. C’était à l’époque de Jean XXIII et nous sentions déjà un vent de renouveau souffler sur l’Eglise. Je me souviens particulièrement de nos rencontres fréquentes avec ce bon “Papa Giovanni” qui possédait un charisme exceptionnel d’animation et qui révélait ce qu’il attendait du Concile, chaque fois qu’il allait visiter une paroisse de son grand diocèse. Nous pouvions alors nous y rendre pour l’entendre parler de Vatican II en préparation. De plus, je ne puis oublier mon expérience de l’universalité de l’Eglise au contact de séminaristes venus des quatre coins du monde et lors de nos visites hebdomadaires faites aux endroits où se sont déroulés des évènements qui ont marqué l’histoire du christianisme à Rome.

C’est lors de mon voyage de retour au Canada, quelques mois après mon ordination qui eut lieu le 3 décembre 1961 à Rome, que j’ai reçu la « bonne nouvelle » de mon envoi en mission.

Père Hervé Morissette, c.s.c.

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