LIRE DANS LE TEMPS L’APPEL DE DIEU
Premier volet
Je me souviens de mon grand-père, un homme qui aimait écouter les gens et qui laissait vibrer son cœur au rythme de la nature. Un jour, il m’amena avec lui au bout de sa terre. Après avoir longtemps marché, nous nous sommes assis, en silence, tous les deux proches l’un de l’autre sur une grosse pierre. Je soupçonnais qu’il avait choisi cet endroit depuis longtemps pour se retirer et prier. C’était sa cathédrale-nature. Nous admirions le grand orme qu’il avait jadis planté. Nous écoutions les oiseaux chanter et les feuilles des arbres qui se laissaient virevolter au gré des vents et de la lumière. Il me disait : « Laisse le vent caresser ton visage, laisse tes yeux être éblouis par les beautés qui t’entourent, laisse ton nez être touché par l’odeur des fleurs. En tout cela, Dieu te parle et se rend présent à sa manière. » Déjà, mon grand-père semait en moi le goût de la prière.
Deuxième volet
Tous les jours, je passais devant l’église du village avant de me rendre à l’école. Il m’arrivait souvent d’y entrer et de prendre un bon moment d’intimité avec Dieu. C’est dans le silence que le Seigneur se laisse entendre. Même les dimanches, quand mes parents allaient à la messe accompagnée de mes frères et ma sœur, je m’éloignais un peu dans un autre banc pour me retrouver vraiment seul et prier en pensant à Dieu en l’aimant. J’étais bien et je sentais sa présence. Il était présent en ce lieu, en cette église de mon enfance tout comme dans la nature quand j‘étais près de mon grand-père. Déjà mon père et ma mère semaient en moi le goût de la prière et l’appel de Dieu grandissait de plus en plus en moi.
Troisième volet
Comme jeune adulte, j’étais plutôt timide et réservé (il paraît que cela a beaucoup changé depuis, aux dires de mes confrères), j’ai eu la joie d’avoir un éducateur exceptionnel en la personne du père Rosaire Croteau, c.s.c. Un jour, après un cours de littérature française, il vint me voir et me demanda si j’acceptais de jouer le rôle principal dans une pièce de théâtre. Ce fut une explosion d’hésitation de ma part. Et pourtant, il me fit savoir que je réussirais avec brio. Je lui ai fait confiance et ce fut un succès. J’étais heureux et je me suis dit qu’un jour je serais un éducateur comme lui, c’est-à-dire prêtre, homme de prière, religieux au service des autres.
Et cela s’est passé il y a de nombreuses années et je rends grâce au Seigneur de cette vocation qui toujours vit en moi. Cet arbre de vie a su donner ses fruits en Sainte-Croix.
Père Yvon Cousineau, c.s.c.