Frère Gérard Dionne, c.s.c. - Congrégation de Sainte-Croix au Canada

À 11 ans, l’appel de Dieu se fait entendre de façon inattendue

Je suis natif d’une famille nombreuse vivant dans une petite municipalité de la Vallée de la Matapédia, en Gaspésie.  Nous vivions à la campagne, sur une ferme familiale, à environ trois kilomètres du centre du village de Sainte-Florence.  Je suis le 3e enfant (et le premier garçon) d’une famille qui en comptera quinze. 

Un après-midi d’une journée de fin d’été, en 1949 — j’avais alors 11 ans —, alors que je terminais le hersage d’un champ perpendiculaire à la Vallée, une forte intuition m’envahit qui allait bien au-delà d’un simple désir.  Ça s’imposait en quelque sorte comme une certitude :  un jour, j’irai voir ce qu’il y a derrière ces montagnes… Plus tard, j’ai compris qu’il s’agissait de la manifestation de la quête d’un ailleurs.  Un l’instar de la vocation d’Abraham, je me sentais appelé à quitter ma famille, mon « pays » pour un ailleurs dont je n’avais alors aucune idée.  Cela venait rejoindre chez-moi un certain goût de l’aventure, et je me sentais tout à fait prêt à partir.

 

À quelques mois d’intervalle, je recevais de Montréal une lettre du promoteur des vocations des Frères de Sainte-Croix.  Comment avait-il pu me rejoindre… ?  Ce n’est que beaucoup plus tard que je saurai que mon nom lui avait été communiqué par l’institutrice de l’école primaire que je fréquentais.  C’est le même frère de Sainte-Croix qui avait pris contact avec elle pour lui demander de lui communiquer les noms des garçons à partir de 10 ans qui, à ses yeux, pourraient peut-être un jour penser à la vie religieuse.  Cette lettre adressée à mon nom venait confirmer pour moi que l’intuition qui m’avait envahi ne relevait pas du fantasme :  Dieu y était pour quelque chose ; il se manifestait à moi à travers ces médiations humaines insoupçonnées. 

Au début de l’automne de l’année suivante, en 1950, après un long parcours de plus de 600 kilomètres en train, je me retrouvais pour le début des classes au Collège Saint-André de Saint-Césaire qui étaient tenus par le Frères de Sainte-Croix pour y faire mes études secondaires (de la 7e à la 11e année).  J’y suis resté pensionnaire pendant cinq ans et, à la fin de ma 11e année, je décidais de poursuivre ma route avec l’entrée au noviciat en 1955 suivie de la profession religieuse le 15 août 1956. 

Je peux dire que j’ai trouvé dans la vie religieuse le bonheur d’une vie d’intimité de plus en plus grande avec le Seigneur qui m’a appelé et guidé à donner ma vie au service des autres ;  et tout cela à partir de cette quête d’un ailleurs ressentie pour la première fois à l’âge de 11 ans. 

Frère Gérard Dionne, c.s.c.

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